meurtres dans un jardin français

Soit Léonide, une princesse déguisée en jeune homme et qui se nomme Phocion, héritière d’un trône usurpé et qui veut le rendre ; soit Corinne, sa suivante, pareillement accoutrée  et affublée du nom d’Hermidas ; soit Hermocrate, un philosophe à la pensée dédaigneuse et qui a rompu tout commerce avec les hommes ; soit Léontine, sa sœur, qui a choisi avec lui la retraite et l’isolement contre le péril des passions ; soit Agis, le jeune prince recueilli, le candide élevé à l’écart du monde et de ses risques ; soit Arlequin et Dimas, deux valets à vendre et qui ne s’y refusent point.

Soit une promenade en forêt, un regard furtif, et un jardin à la française dont il faut escalader les haies…

Soit l’amour, ce fléau imparable, qui force à user de la ruse, de la menace et de l’argent ; qui recourt au chantage, au mensonge, au libertinage et à la trahison ;  qui aveugle, illumine, éblouit, déboussole, et abêtit ; pour qui la fin justifie tous les moyens ; qui apprend au candide la jalousie et la tromperie, au sage la folie ; pour qui on ne recule devant rien ; qui se pare sans vergogne du masque des tactiques guerrières ; à qui la pitié est étrangère ; qui trompe, et la méfiance, et la confiance ; qui flatte sans vergogne les narcisses aveuglés.

Donc l’amour, et son triomphe, et sa jeunesse, et sa beauté. Mais aussi sa duplicité, sa rouerie, sa cruauté et ses crimes.

Philippe SIREUIL