
2012
Interprétation

Costumes Catherine Somers
Décor, lumières et mise en scène
Philippe Sireuil

2012
Interprétation
Costumes Catherine Somers
Décor, lumières et mise en scène
Philippe Sireuil
Serpents à sornettes
de Jean-Marie PIEMME
Le Tailleur, L'intendant de Dieu,
La gamine du tailleur,
Mamie Huguette, la mère du tailleur :
à la lecture de la liste des personnages de la pièce,
nous voilà prévenus, on risque bien de voir Jean-Marie Piemme,
au travers de cet improbable quartette
et de leurs liaisons ô combien explosives,
tailler un costard à nos petits arrangements
avec l'ici-bas et l'au-delà.
Entreprise en déroute, facture impayée,
avantage en nature, paiement au noir, dessous de table,
petit cadeau, commission win-win, demande en sus, service compensatoire,
returns clandestins, voyage aux frais de la princesse (ici la vierge marie),
la pièce conduira nos héros d'une sacristie poussiéreuse à Jérusalem,
mais aussi, dans un engrenage aussi inexorable qu'imprévu,
Gamine (qui ne jure que par Kurt Cobain) aux mirages de la foi,
Mamie Huguette (qui déplore la religion spectacle) à la demande de canonisation,
le tailleur (qui a baptisé son dernier fils Noël) aux simonies* en tout genre
et l'intendant de Dieu (qui voudrait promouvoir l'hostie bio) à la colère céleste.
Dans une langue tonique et joyeuse,
Serpents à sornettes est le troisième opus de la vis comica de Jean-Marie Piemme
que j'aurai le plaisir de porter à la scène, après Toréadors
et Dialogue d'un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis :
même goût du paradoxe, même férocité opportune, même joie d'un théâtre pugnace, même irrévérence,
même espièglerie salvatrice devant « la part de bêtise que les actes d'allégeance exigent de nous, » ainsi que l'écrit l'auteur.
Le Pape s’oppose à l'éclipse de Dieu, ai-je pu lire** récemment dans un journal ;
Jean-Marie Piemme s'oppose, lui, à l'éclipse de notre libre arbitre et aux couleuvres
qu'on ne cesse de vouloir nous faire avaler sur le marché de la foi et dans la foi du marché.
Philippe SIREUIL
* SIMONIE, subst. fém. DR. CANON/QUE. Volonté délibérée de vendre ou d'acheter un bien spirituel ou intimement lié au spirituel (bénédictions, grâces, bénéfices ou dignités ecclésiastiques) pour un prix temporel (somme d'argent, présent matériel, protection ou recommandation); pratique qui en résulte. Condamner la simonie; commettre une simonie.
** LA LIBRE BELGIQUE, 20/08/2011.