Mort de chien

d’ Hugo CLAUS


THEATRE DU RIDEAU DE BRUXELLES

2009


Interprétation

Valérie Bauchau (Mira), Janine Godinas (Mimi), Philippe Jeusette (Jo), Bernard Sens (P.-J.), Simon Wauters (Franz).

Décor Vincent Lemaire

Costumes  Catherine Somers

Vidéo Benoît Gillet

Assistante à la mise en scène  Christelle Alexandre

Lumières et mise en scène 

Philippe Sireuil


Production

theatre du rideau de bruxelles





 
  1. photos de Christelle Alexandre ©

Musique, traviata !

Mira est là, revêtue de noir, figée dans le chagrin. Elle revient de l’enterrement de Janine, son amie. Elle porte son deuil, et aussi le deuil des espoirs envolés entre le champagne éventé, la fumée des cigares et les passes tarifées.

Mira est serveuse de bar, comme on dit pudiquement dans les petites annonces de nos journaux à grand tirage. À ses côtés, Mimi sa mère, taulière du Mimosa, et Georges, ou Jo, ou Jojo, - cela dépend des jours et des humeurs -, intello scribouilleur croisé sous le néon rouge ; deux larrons qui forment avec elle une improbable trinité, à l’exercice sur les bas-côtés glauques et brouillardeux d’une nationale à quatre bandes. Et puis Puma aussi, le chien empaillé, mais qu’on nourrit encore quand les nerfs vous lâchent.

Janine est morte, saccagée au couteau, par un maniaque, - comme on dit quand la rumeur suppute sans le moindre indice.

Mira, abandonnée par Zorro, le père mort sur le front de Corée, - et dont le souvenir la hante, brisant son corps épileptique -, Mira, elle, va mourir, elle qui pressent sa fin proche, la redoute et, pour une part, l’espère.

Mira rencontrera de fait son assassin, mais, comme de bien entendu, il ne sera pas celui auquel on aurait pu s’attendre.

Tondue à la Libération, Mimi avait vu ses coiffeurs recevoir « tous ses cheveux dans

la figure, balayés par le vent ». Mira, elle, meurt sans laisser aucune trace, si ce ne

sont quelques poils d’un chien empaillé sur le complet veston d’un policier.

Au travers d’une pièce, sorte de thriller métaphysique où situations triviales

et références christiques ne cessent de frayer les unes avec les autres,

Hugo Claus nous raconte que le plat pays qui est le sien

(et le nôtre encore et toujours) est moins lisse qu’il n’y

paraît ;  que sous l’ordre du tapis qui biffe, gomme,

balaie, nettoie, règnent le mensonge, la corruption

et l’hypocrisie des nantis; que la pureté n’est

pas là où on la sanctifie;

que la société des hommes est ainsi faite,

qui recommence sans cesse

à se cloner caricaturalement.

Musique, traviata !


Philippe SIREUIL

10.03.2009

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Extraits de l’Emission CINQUANTE DEGRES NORD, ©ARTE-RTBF 2009

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